CHRONIQUES DE L’ESPASS
El Malpais, le dernier album du Jim Younger’s Spirit est sorti il y a déjà plus d’un an, mais, crise oblige, n’a pas été aussi défendu sur scène que prévu.
Depuis, le groupe s’est rattrapé écumant les salles de la région et d’ailleurs pour redonner goût au live, à la musique, à la vie. L’Espass Live à Rognac n’y échappe pas et le JYS revient ce samedi 5 mars en terre connue pour prêcher la bonne parole d’un rock psychédélique aux sonorités envoûtantes.
Pour les Marseillo-Aixois Rognac est une destination beaucoup plus proche que le grand Ouest, les histoires de cow-boy et d’indiens, de trahisons et d’épopées du Far-West qui peuplent l’imaginaire et les morceaux du groupe. Si près qu’ils sont d’ailleurs venus y enregistrer le clip live de Hush A Bye il y a quelques mois.
Ce soir, le Jim Younger’s Spirit est donc à l’Espass Live comme le Général Cluster à Gettysburg, en territoire conquis, même si le public qui n’a pas encore repris la bonne vieille habitude des concerts et le retour à la vie de fait désirer. Tant pis pour les absents. Les fidèles au poste, les bénévoles, les amoureux du rock sont bien présents !
C’est dans une nouvelle configuration que je découvre un groupe dans lequel ont joué un temps deux anciens Splash Macadam (et actuels membre de Claque… vous suivez ?). Autour de Polar Younger au chant et saxophone, Diego Lopez à la guitare et Christophe à la batterie, sont venus s’adjoindre Benjamin à la basse et Marjorie aux claviers et maracas. Exit donc la 2e guitare.
Mais le choix s’avère payant avec des nappes qui accompagnent efficacement le chant incantatoire et parfois planant de Polar.
Le groupe ouvre justement avec Hush A Bye, dernier morceau du dernier album puis va enchainer plus d’une heure de show sans temps mort en piochant 2 à 3 morceaux dans chacun de ses 4 albums.
L’ensemble est cohérent et tout s’enchaîne de façon assez fluide. Les morceaux sont entraînants, la voix toujours captivante, qui semble parfois s’enrouler comme un serpent enserre le cou de sa proie avant de mordre.
Pas de fioritures, le sax et les maracas sont discret mais justes. La partie de basse est impressionnante de maîtrise. Le batteur déroule un set carré. Bref, du très bon ce soir.
Avec Jim Younger’s Spirit, les fantômes du Jefferson Airplane ou, plus proche de nous, des Black Angels et autres Brian Johnstown Massacre ne sont jamais loin. Et c’est tant mieux parce que la formule fait mouche. Diego est particulièrement en forme ce soir. Ses solos et accompagnements sont tranchants, il provoque, joue avec le bassiste, pousse Marjorie hors de sa réserve et l’encourage à lâcher les chevaux. Après tout, on est bien dans les plaines américaines, non ?
Mention spéciale au son et à la lumière qui donnent au show sa pleine dimension, tantôt en intimité, tantôt en explosion de riffs.
Les vents du grand Ouest ont remplacé le mistral ce soir et s’en vont prochainement souffler sur Saint Etienne. Vous êtes prévenus.
Laurent BRUGUEROLLE